A Neuilly-sur-Marne, l’insurrection est en marche

Il n’y a pas que Mélenchon qui remplisse les salles pour le Front de Gauche. Mardi 10 avril au soir, ce sont plus de 200 personnes qui ont investi la salle Marcel-Pagnol de Neuilly-sur-Marne. Il y a là Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de Gauche ; Maryse Dumas, ancienne secrétaire confédérale de la CGT ; Pierre Laporte, de l’exécutif national de la Fédération pour une alternative sociale et écologique… Un concentré de Front de Gauche, donc. Et Riva Gherchanoc, candidate pour notre rassemblement populaire aux législatives à Neuilly-sur-Marne et dans la 3e circonscription de la Seine-Saint-Denis. Tous sont là, mobilisés pour le 1er des 4 tours de cette élection inédite qui peut amener la création de la VIe République et la révolution citoyenne.

La réunion publique, à mi chemin entre l’assemblée citoyenne et le meeting, se déroule en plein cœur du quartier populaire de Neuilly. La composition de l’assistance s’en ressent heureusement. Les militants, comme dans les autres rencontres du Front de Gauche, sont désormais minoritaires. Et c’est tant mieux ! ne cachons pas notre plaisir. Il y a des femmes en boubous et des hommes en quasi bleu de travail. Il y a des cheveux blancs et beaucoup de jeunes. Il faut dire que le duo présenté par le Front de Gauche dans cette circonscription est assez à l’image de nos quartiers populaires séquano-dyonisiens. Riva, fille d’immigrés, a connu le RMI pendant plus d’un an avant de réussir son concours de la fonction publique territoriale. Son suppléant, Moussa Diakhaté, a connu la souffrance du sans-papiers avant d’obtenir, par la lutte, la nationalité française. Il est aujourd’hui conseiller CGT des salariés devant la justice prud’homale. La belle histoire que voilà, représentative de tant d’itinéraires personnels dans notre département. A sa manière, Riva l’a résumée en introduction :

« Je vois des visages connus, des têtes que j’ai découvertes ces derniers mois et bien d’autres encore qui me sont inconnues. C’est un des plaisirs qu’offre cette campagne joyeuse et motivée qu’est celle du Front de Gauche. Cette irruption des citoyens – de ces femmes et hommes que la politique traditionnelle laissait sans voix – ouvre une voie politique nouvelle. Je le dis avec bonheur, rien ne sera plus jamais comme avant. On nous avait divisés, on avait cherché à nous écarter les uns des autres, on a voulu nous monter les uns contre les autres : chômeurs contre actifs, Français-e-s contre immigré-e-s, femmes contre hommes, jeunes contre moins jeunes… Dix ans d’une politique de casse sociale n’ont pas suffi : nous nous sommes retrouvés ! Et c’est déjà là la première victoire du Front de Gauche ! »

Le tempo étant donné, la parole a circulé entre la salle et (l’absence de) tribune. Très appréciée, Maryse Dumas prend le temps de détailler la situation des femmes au travail et précise les positions de son organisation, la CGT n’est pas membre du Front de Gauche et c’est heureux. Eric Coquerel, questionné sur le sujet, précise la position quant au candidat du parti dit « sérieux » (PS). La veille, sur RTL, il a jugé les programmes de François Hollande et du Front de Gauche « incompatibles ». Il prendra le temps, devant les amis rassemblés salle Marcel-Pagnol, d’expliquer que l’enjeu demeure de placer le candidat du Front de Gauche au second tour. Et qu’il y a de la place pour cela.

Il est vrai que cette perspective, que d’aucuns trouvaient utopique il y a encore quelques semaines, a pris du corps. A voir la composition de l’assemblée à Neuilly ce mardi soir, tant sa composition que ses réactions, l’utopie prend bien le sens que lui donnait François Mitterrand dans les années 70 : un réel qui n’a pas encore été exploré. En témoigne cette quinquagénaire arrivée en retard que je croise à l’entrée et qui est bien sûre de vouloir venir au meeting quand on lui propose d’aller à la prière évangélique organisée dans la salle voisine. En témoigne aussi la discussion impromptue à la sortie entre Eric Coquerel et ce jeune adulte en bonnet et veste de sport. Il veut juste savoir comment on peut « raisonnablement » dire que nous allons créer 3 millions d’emploi en cinq ans, vu que les patrons ne vont pas se laisser faire. A l’issue, le minot du quartier dit merci et sa poignée de main se révèle plus que chaleureuse.

Oui, à Neuilly-sur-Marne aussi, l’alternative est possible et le vote Front de Gauche a tous les atours du vote nécessaire.

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Bonus vidéo : Primal Scream « Can’t Go Back »

À propos de Nathanaël Uhl

Journaliste politique, passionné de musiques, supporter de l'Olympique de Marseille et du Liverpool FC, grand amateur de littérature et notamment de polar. Mon blog est aussi un hommage au journal "Le Cri du peuple" créé par Jules Vallès pendant la Commune de Paris. Voir tous les articles par Nathanaël Uhl

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