A Marseille, pour faire plage au peuple

Si vous lisez cette note samedi 14 avril au matin, moment de sa parution, je suis déjà sur la plage entrain de déterrer les pavés. C’est bien connu : sous la plage, les pavés. Je ne ferai pas mentir mes aînés de juin 1968 – je parle des 12 millions de grévistes dans les taules, évidemment. Comme de juste, je suis descendu dans mon ancien port d’attache pour aider à l’organisation et à la sécurité du meeting géant que nous allons tenir dans quelques heures sur les plages du Prado. Je vais y revenir.

Mais, avant, je veux prendre le temps d’évoquer la journée d’hier. Je ne pensais pas avoir le nez aussi creux en écrivant « camarades, ne cédez pas aux provocations ! ». Deux toutes petites heures plus tard, assumant mon addiction à twitter, je me faisais traiter de « crottin » puis de « stalinien sans cervelle » par un libéral. Jusque là… Puis, Jean Quatremer me qualifiait en public de « crétin ». Ce que ma maman résumait ainsi : « C’est que tu deviens important si des journalistes te répondent ». C’est ma maman, faut pas lui en vouloir. Enfin, cela donne le ton et montre que j’avais vu un poil juste en bloguant le matin.

Plus sérieusement, hier, ce vendredi 13 avril, le Front de Gauche est retourné porter le fer contre l’ennemi qui, n’en déplaise à François H., a un visage et même une adresse. Les camarades se sont rendus devant l’Autorité des marchés financiers pour dénoncer le coup de force auquel la finance se prépare. La société Eurex, spécialiste des produits dérivés et filiale du groupe boursier allemand Deutsche Börse, doit lancer lundi 16 un contrat à terme sur les obligations d’Etat françaises de long terme. Devant le siège de l’autorité présidée par Jean-Pierre Jouyet, Jean-Luc Mélenchon a expliqué :

« La finance s’apprête à sauter à la gorge de notre pays, dès que l’élection aura lieu, et peut-être même avant ! Je mets en garde monsieur Joueyt. Il ne faudra pas que son passé d’ancien ministre de monsieur Nicolas Sarkozy le conduise à quelques douceurs ou tendresse que ce soit à l’égard des conspirateurs financiers, car il nous en rendra compte personnellement! A bon entendeur salut ! »

C’est dingue, dans le fond. Tous les événements qui se sont produits depuis le mois de septembre, non seulement n’ont pas modifié le tempo ou le contenu de notre campagne, ils les ont justifiés ! C’est assez extraordinaire : notre intelligence collective a anticipé chaque point, chaque crise à venir. Cela donne confiance dans l’équipe qui, demain, dirigera ce pays, à tous les niveaux. N’hésitez pas à le dire, à le faire savoir autour de vous. Dans cette période de tempête politique et sociale, c’est rassurant.

Mais revenons à ce jour. Marseille donc ! Marseille qui pourrait battre Paris ce soir. Je parle évidemment du rassemblement de la Bastille. Ah, non ! ne commencez pas avec cette histoire de sardine qui a bouché le vieux port et autres galéjades marseillaises. Je vous ai déjà expliqué que j’ai travaillé à La Marseillaise, où j’avais notamment la charge de la rubrique économie et social. A ce titre, j’ai eu à suivre, avec plaisir, les manifestations pour la prime de Noël des chômeurs en 1997 et 1998. Plus tard, j’ai participé aux défilés monstres contre la réforme des retraites en 2003. Quand les Bouches-du-Rhône se mobilisent, c’est très impressionnant. Des cortèges rassemblant 150 000 personnes, dans cette fière cité phocéenne, ce n’est pas rare. Mais je me garderai bien de prendre quelque pari que ce soit. Vu que chaque fois que nous nous préparons à accueillir X milliers de participants à nos manifestations pédagogiques, on en reçoit entre les 50 % et 100 % de plus… Gabriel Amard, le patron de l’organisation des meetings Place au peuple, qui a eu la lourde tâche de négocier avec Gaudin et le préfet des Bouches-du-Rhône, n’essaie même plus d’anticiper. Il y aura de toutes les façons trop de monde. Enfin, manière de parler. Il n’y a jamais assez de monde pour la révolution.

Je vous raconterai tout ça en détails demain, évidemment, même si je suis contre le travail du dimanche moi aussi et, d’ici là, par tweets. Ah ! Pour les voisins du 18e, il y a un rendez-vous pour une écoute collective. Pour les Montreuillois, y a rencart, pas au Méliès, mais à 14 heures à l’hôtel de ville pour la retransmission en directe aussi.

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Bonus vidéo : The Jesus & Mary Chain « Surfing USA (Summer Mix) »

À propos de Nathanaël Uhl

Journaliste politique, passionné de musiques, supporter de l'Olympique de Marseille et du Liverpool FC, grand amateur de littérature et notamment de polar. Mon blog est aussi un hommage au journal "Le Cri du peuple" créé par Jules Vallès pendant la Commune de Paris. Voir tous les articles par Nathanaël Uhl

4 responses to “A Marseille, pour faire plage au peuple

  • OuldC

    « manifestations pédagogiques » ! Absolument, la gauche doit etre synonyme de pédagogie !

    « Il n’y a jamais assez de monde pour la révolution. » Rien à ajouter !

    Les jaloux haineux, comme Quatremer, tu les ignores !

  • BA

    Samedi 14 avril 2012 :

    Sur son blog, Paul Jorion écrit :

    L’ÉCLATEMENT DE LA ZONE EURO : L’INSTANTANÉ.

    Ce que vous voyez sur ce graphique produit par l’agence de presse Bloomberg, c’est l’éclatement de la zone euro. Sous la ligne horizontale, on voit les sommes qui quittent de mois en mois différents pays tandis qu’au-dessus de la ligne horizontale, on retrouve les mêmes sommes ventilées par pays où ces sommes aboutissent.

    Les gagnants : 1. Allemagne, 2. Pays-Bas, 3. Luxembourg.

    Les perdants (les plus tristes en premier) : 1. Italie, 2. Espagne, 3. Irlande, 4. Grèce, 5. Portugal, 6. Belgique.

    Le graphique a été produit par la rédaction de Bloomberg à partir des données fournies par les banques centrales des différents pays de la zone euro. Un pays dont l’argent sort, en signale les montants. De même pour un pays qui le reçoit, la réglementation intérieure de la zone euro obligeant le pays receveur de prêter le même montant au pays donneur.

    Si des sommes quittent un pays, c’est bien sûr que leurs habitants (riches) craignent de se retrouver du jour au lendemain en possession de lires, pesetas, punts ou Irish pounds, drachmes, escudos, francs belges, dévalués.

    Pour donner un ordre de grandeur, en mars, par exemple, 65 milliards d’euros ont quitté l’Espagne.

    N.B. : La Suisse n’étant pas dans la zone euro, les mouvements de capitaux vers la Suisse n’apparaissent pas sur le graphique.

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=35925

  • Bosch

    votez le front de gauche !!!!!!!!!!!!!!!
    mais un politique c’est un politique et lui ne changera rien ds la mesure ou la révolution doit être mondiale! tant que les peuples ne se réveilleront pas , n’enlèveront pas leurs oeillieres , quelque soit le politique , si la finance et les quelque gros patrons du club Rokffeller
    continuent à gerer le monde alors la misere et la mort nous attend!
    mais votez le front de gauche peut etre le premier pave pour celer et construire un nouveau monde mais si les jeunes se laissent manipuler et griser par les nouvelles technologie alors nous avons encore quelques siecles de combats !! à la vie à la mort!!
    Je terminerai par une phrase de Mr Voltaire :
    « On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres. »

  • laurent B

    ne pas ceder aux provocations !
    surtout qu’elles vont aller s’accroissant, l’impuissance de nos ennemis devant le soulèvement légitime du peuple se traduit par une haine de plus en plus palpable .