Blog en chantier !

Pour préparer son premier anniversaire, Le Cri du peuple s’octroie un week-end prolongé histoire de se faire une petite beauté. L’année a été rude, il y a quelques petits trucs à réparer. Rien que de la maintenance ordinaire, une ‘tite migration, un ravalement de façade express grâce aux bons soins du docteur Hamster.

Bref, on se met en pause pour mieux vous retrouver dès mardi 2 octobre. Et faire péter l’eau gazeuse naturelle. La ‘tite équipe du blougue vous la souhaite bonne et n’oubliez pas :

samedi à 14h à Aulnay-sous-Bois : meeting unitaire contre la fermeture du site PSA ;

dimanche à 13h30 place de la Nation à Paris : marche contre le TSCG et pour un référendum.

 

Pour celles et ceux qui ne seraient ni à l’une ni à l’autre, à mardi ! Des bisous !

 

 

 


Chroniques montreuilloises : 13e épisode

Dimanche 23 septembre
12h03 : Dominique Voynet personnel à « Président » (mode sms)

François, je te l’avais dit : Cécile est une nulle, elle ne tient rien ! Ce n’était pas le bon choix. Moi, tu me connais, je suis sûre. Et mon bilan comme ministre de l’Environnement est excellent.

Lundi 24 septembre
10h24 : Jean-Marc Ayrault à Dominique Voynet personnel (mode sms)

Dominique… On attend le verdict dans le procès Erika demain. JMA

10h26 : Dominique Voynet à dircab (mode sms)
Fais-moi adopter une motion de soutien au traité à la con, là, jeudi. TTU !

10h27 : Dircab à « l’amère » (mode sms)
Mais Dominique, le parti a voté contre ce week-end…

10h30 : Dominique Voynet à dircab (mode sms)
T’es con ou quoi ? J’ai pas été claire ? Fais-moi passer cette motion, le reste c’est mes oignons !

Comme souvent à Montreuil, les choses se règlent par textos. C’est toujours pratique quand on n’aime pas la ville qu’on dirige. Mais en l’occurrence, ce jeudi 27 septembre au soir lors du conseil municipal, l’amère devrait faire proposer une motion de soutien au gouvernement et au Traité de stabilité, de coordination et de gouvernance en Europe. Ce, alors que son propre parti a voté contre à une nette majorité le week-end écoulé. Que Le Monde ait demandé la démission de ses camarades ministres semble peu lui chaloir. A dire le vrai, ce n’est pas la solidarité de parti qui l’étouffe.

Les élus se reconnaissant dans le Front de Gauche ont, eux, déposé un vœu pour manifester l’opposition de la Ville de Montreuil au traité austéritaire. Il y aurait donc deux motions différentes au conseil. Sauf que… Sauf que l’amère a demandé aux élus Front de Gauche de « se rapprocher des auteurs de la motion (favorable au TSCG) pour élaborer une position commune ». Comme si le lapin pouvait s’entendre avec la carpe. Ou le fond politique s’accorder avec de basses manœuvres politiciennes en vue de récupérer un maroquin ministériel…

On attend, toujours sur le fond, des prises de position de l’amère et de ses amis sur la situation de PSA et la fermeture du site d’Aulnay. Juste parce que 200 salariés employés par des sous-traitants de Peugeot-Citroën bossent à Montreuil. Je dis ça, je dis rien… Cela répondrait aux injonctions de l’adjointe à l’amère déléguée aux personnes âgées. Icelle a fait circuler un « billet d’humeur », dont j’ai cru au départ qu’il était un « billet d’humour ». Pour ne pas que vous me traitiez d’aguicheur, je vous en communique la conclusion :

« Nous avons été élu(e)-s pour construire une nouvelle réponse mêlant emploi, solidarité, environnement et démocratie renforcée. Oui à l’innovation sociale, environnementale, démocratique…  
Oui aux investissements permettant la relocalisation de l’économie et la mise en valeur des savoir-faire locaux.
Oui à la construction de logements sociaux et privés
Oui à la rénovation thermique de tous les logements, publics et privés.
Oui à un aménagement du territoire équilibré avec des services publics bien répartis.
C’est le nouveau cap que nous avons proposé lors de la campagne municipale de 2008, nous avons été élu(s)-e pour toutes ces raisons !
Un Montreuil plus meilleur, plus solidaire et écologique ! (sic) »

A tout le moins, on connaît déjà le programme d’Europe Ecologie – Le Vide pour 2014. Comme Sarkozy 2012 était le premier détracteur de Sarkozy 2007-2011, EELV 2014 sera donc le premier opposant à l’amère 2008-2013.

Le Cri du peuple à la fête de l’Huma

Pendant ce temps-là, j’ai rencontré le député fictif sur le stand du PCF Montreuil à la Fête de l’Huma. Il m’en a appris de belles. Notamment, « je te donne un scoop Nathanaël » : « Pour 2014, je ne m’interdis rien ». Fleur Pellerin appréciera. L’amère aussi. Le député, lui, apprécie la bière, le rouge plus que le blanc et les gros cigares. Quand je vous dis que c’est un jeune comme les autres.

Et tiens, pour conclure, messieurs du cabinet : ce n’est pas très gentil d’avoir voulu me faire endosser la responsabilité des tracts injurieux, que j’avais dénoncés ici même, ayant circulé à l’encontre du député fictif pendant la campagne des législatives. J’assume de flirter avec la ligne jaune mais je ne verse jamais dans la diffamation. Vous êtes bien placés pour le savoir si je me remémore une discussion téléphonique avec Yves Miramont (« Miracon » selon l’amère) que j’alertais sur des accusations ignobles dont faisait l’objet la rouquine. Je saurai m’en souvenir.

Le choc des titans : le député fictif face au Cri du peuple

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Bonus vidéo : OTH « Requiem pour un démon » (dédicace à @Quibuzzqui)


« Le Monde » piraté : le hacker parle !

Oui, le quotidien Le Monde a été hacké, consécutivement à la parution de leur éditorial revendiquant la démission des ministres Europe Ecologie – Les Verts. Malgré ses démentis, l’Agence France presse avait bein prépare une dépêche sur le sujet que nous nous sommes procurée. Après la fausse interview de Luc Châtel sur Atlantico et l’éditorial piraté sur le site du New York Times, ça fait beaucoup pour n’être qu’une simple coïncidence. 

Avec quelques amis blogchéviks, nous avons mené l’enquête que les médias ne mèneront pas. Et nous avons retrouvé le hacker responsable du piratage du quotidien du soir. Nous avons recueilli ses propos. Ils font froid dans le dos.

 

Pour ceux qui entendraient mal, voici le verbatim :

« Oui je suis un hacker. Je me suis spécialisé dans le piratage de la presse avec une bande de potes libéraux.
Ça fait des années qu’on pirate les pages politiques des grands journaux comme le Figaro ou Le monde.
Les journaux savent qu’ils sont piratés mais ils ne disent rien à leurs lecteurs. Le scandale serait énorme, vous pensez.
Et les lecteurs ne s’en rendaient pas compte d’ailleurs… jusqu’à lundi dernier où là, c’était trop énorme, ça s’est vu !
J’ai piraté Le Monde et fait un faux édito.
Je venais de faire la fausse interview de Luc Châtel sur le site de droite Atlantico, interview qui a été supprimée par le journal et je me suis dit qu’il fallait que je frappe un grand coup.
C’était super. Faire un faux édito dans LE journal de référence de la presse française, soi-disant réputé pour sa neutralité et son sérieux.
Alors là, j’ai fait du lourd, je me suis carrément lâché.
Le faux édito exigeait de François Hollande qu’il mette fin aux fonctions des ministres d’Europe-Écologie-Les Verts parce que leur parti s’oppose au TSCG !
J’y suis allé comme un bourrin. j’ai traité EELV de « groupuscule irresponsable », j’ai parlé de « tendances dogmatiques », « d’attitude inacceptable ».
Qu’est-ce que j’ai dit comme connerie aussi ? Ha oui, j’ai dit que le Non au TSCG était incompatible avec le sauvetage de l’euro !
C’était énorme, tellement énorme que là, pour la première fois, les lecteurs ont bien compris qu’il s’agissait d’un faux. Un fake édito !
Les lecteurs de gauche surtout.
Le Monde n’a rien dit. Ils maintiennent que l’édito est bien d’eux. C’est normal hein ! C’est toute leur réputation, leur crédibilité qui est en jeu.
Le problème, c’est qu’ils vont se méfier maintenant mais on arrivera toujours à les hacker. Leur système est trop naze ! »

Oui, ces propos font froid dans le dos. Qui témoignent de la profonde maladie de la presse française, tellement sûre d’elle qu’elle n’imagine même pas avouer qu’elle a été piratée. Au fond, c’est à se demander si le vrai éditorial, celui qui n’a pas été publié, n’était pas pire que celui du hacker.

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Bonus vidéo : Public Enemy « Don’t Believe The Hype »


Exclusif : le quotidien « Le Monde » victime d’un hacker selon l’AFP

Des fois, cela sert d’avoir été journaliste. J’étais passé complètement à côté de l’éditorial du Monde exigeant la démission des ministres Europe Ecologie – Les Verts. Cet édito fait suite à la réunion du conseil fédéral de mes « amis » Verts tenue le week-end passé, réunion marquée par un vote net contre le Traité austéritaire européen. Quelle ne fut pas ma surprise quand des amis et anciens collègues m’ont appelé pour me signaler un événement de taille : dépêche AFP à l’appui, cet édito serait un faux.

J’ai cherché la dite dépêche sur les moteurs de recherche. En vain. Et pour cause, des « pressions amicales » auraient été exercées par la direction du quotidien auprès de l’Agence France-Presse, pour qu’elle ne soit pas publiée. Mes amis m’en ont néanmoins procuré une copie que je vous fais partager ici.

Ainsi, le très sérieux quotidien Le Monde, réputé pour son « objectivité » et la rigueur de son travail journalistique, se trouve victime d’un canular comme le très droitier Atlantico. La question qui reste posée est : pour qui roule ce hacker ? 

Ce matin, après publication de ce post, la réaction de l’AFP sur twitter a été de nier. Et de manière totalement indépendante de ma volonté, Le Monde, encore lui, a publié une info sur le piratage d’un édito du New York TimesComme quoi rien n’est vraiment impossible…


Réinclure les quartiers populaires dans la ville

A la fin du mois d’août, avec un certain nombre de camarades et d’amis, nous avons publié Terres de Gauche, abécédaire des radicalités concrètes. J’y signe deux contributions. Je vous ai déjà fait partager la première sur les Kolkhozes, j’ai aussi écrit sur la question des quartiers populaires vus d’un point de vue urbanistique. A toutes fins utiles, l’ouvrage Terres de gauche, abécédaire des radicalités concrètes est disponible sur commande auprès des éditions Bruno Leprince.

 

Les quartiers populaires, qui sont aujourd’hui ravalés aux périphéries de la France, constituent l’avenir de nos villes. Bâtis à plat ou en hauteur, ils concentrent une population certes précaire la plupart du temps mais créative, ingénieuse, solidaire. Rien de durable ne se bâtira sans les quartiers populaires. Au contraire même, c’est bien grâce à eux que nous pourrons construire l’avenir de nos villes. Cela nécessite juste de réinscrire ces quartiers dans nos villes et de leur rendre l’attractivité qu’ils méritent.

Depuis des décennies, les quartiers populaires sont envisagés comme des problèmes. Problème de précarité économique et sociale des habitants, problèmes du bâti, problème de l’inclusion de ces quartiers souvent périphériques (mais pas uniquement) dans le tissu urbain. Nous raisonnons bien rarement en termes d’atouts dès lors qu’il s’agit des quartiers populaires. Alors que !

Mais revenons sur ce qui définit un quartier populaire. Ce n’est pas, malgré l’imagerie véhiculée par les médias, le bâti. Il est des quartiers populaires à plat (habitat collectif de faible hauteur, bientôt zones pavillonnaires) ou en hauteur (« cités » HLM voire même résidences locatives privées ou encore co-propriétés comme c’est le cas avec Grigny II en Essonne) ; des quartiers populaires périphériques ou en cœur de noyau urbain (la Goutte d’Or à Paris). Le bâti n’est pas forcément un élément identifiant. Ce qui marque le quartier populaire demeure sa population : une population bien souvent paupérisée ou en voie de l’être, précaire la plupart du temps. Elle a cru à l’habitat populaire comme zone de transition vers la propriété immobilière individuelle et se retrouve, la crise passant, coincée dans un cul de sac. L’autre souci bien concret auquel sont confrontés nos concitoyens vivant dans les quartiers populaires reste qu’il s’agit souvent de zones à fonction unique : l’habitat. Quasiment pas d’activité génératrice d’emploi, des commerces en voie de disparition, des services publics qui quittent la place. On pourrait résumer d’une caricaturale « la République n’y est plus représentée que par les voitures de police et l’école élémentaire ».

Pourtant, les quartiers populaires ce sont, avant tout, des lieux de solidarité, des lieux où l’on se connaît et où l’on partage la même vie. Ce qui explique le score souvent bas du Front national dans ces endroits. Ce sont aussi les lieux de créativité, d’inventivité, d’ingéniosité. Quand les associations ne bénéficient plus de fonds publics que sur appel à projet, il faut trouver les voies et moyens pour faire autant, voire mieux, avec moins. Ce lien social fonctionne, encore et c’est souvent la dernière chose qui marche vraiment, notamment parce que la solidarité joue. L’implication active des citoyens compense les carences de l’action publique quand les municipalités démissionnent, étranglées par la baisse des dotations d’Etat. Cette participation effective, quoi que non théorisée, explique souvent la fierté d’appartenance au quartier que l’on retrouve souvent.

L’enjeu est donc clairement posé de réinclure ces quartiers dans la ville. Les pistes qui suivent sont non exhaustives mais indispensables.

 

Pour les quartiers populaires périphériques, qui sont le cas majoritaire, il convient en premier lieu de les rouvrir sur la ville, au moyen de nouvelles circulations mixtes : circulations douces, transports en commun, voiries nouvelles… L’Agence nationale de rénovation urbaine, dont il faut obtenir un nouvel engagement tant budgétaire qu’en termes de qualité (c’est notre revendication d’un ANRU 2), peut soutenir des projets de cette nature.

Se pose au même niveau la question de la mixité. Mixité sociale, bien entendu et même si elle ne se décrète pas, suscitée par la réhabilitation lourde d’un bâti souvent prévu pour ne durer que 25 à 30 ans ou des constructions neuves notamment en vue de l’accession sociale à la propriété. Là encore, l’ANRU soutient ce genre de démarches.

Mais il faut surtout, pour rendre nos quartiers populaires attractifs pour des populations nouvelles, reconquérir la mixité de fonction. C’est à dire ajouter à la fonction de logement celle de services de proximité (incluant le petit commerce), notamment des services publics ; celle d’activité, comme la création d’un hôtel d’entreprises par la Communauté d’agglomération Les Lacs de l’Essonne à la Grande Borne ; celle d’espace de vie partagé, qui passe par la restauration des espaces publics. Ce dernier point relève d’un enjeu majeur puisqu’il contribue à rappeler à chaque citoyen que, tout locataire qu’il soit, par le biais de l’impôt direct et indirect, il est co-propriétaire de l’espace dans lequel il évolue. Cette prise de conscience participe pleinement de la démarche émancipatrice qui est la nôtre.

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Bonus vidéo : Beirut « La Banlieue »


TSCG : Fabius ne veut pas « se déjuger », et vous ?

Le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) n’en finit pas de remuer les différentes composantes de la gauche. Le week-end qui vient de s’écouler a vu le conseil fédéral d’Europe Ecologie – Les Verts s’opposer, par 75 % des voix exprimées, à ce traité qui grave dans le marbre l’austérité ad vitam aeternam. C’est un bougé assez significatif qui a causé encore une de ces sorties dont est coutumier Dany le jaune.

A tout le moins, EELV a le mérite d’une certaine cohérence, que je salue, alors que je n’ai jamais été avare de critiques contre ce parti. L’issue de son conseil fédéral témoigne de l’élargissement du front du refus, par rapport à un traité qui prive la représentation démocratique élue par le peuple de ses derniers outils d’action.

Ce week-end, j’ai eu l’occasion de retrouver, grâce à mes amis de la Télé de gauche, un certains nombre de déclarations émanant de sommités du parti dit « sérieux ». Je vous les laisse regarder et partager.

On va commencer par l’ancien héraut du « non socialiste » en 2005, Laurent Fabius :

 

La sortie de Benoît Hamon n’est pas mal non plus :

 

Arnaud Montebourg laisse rêveur :

 

Jean-Marc Ayrault se fait le porte-parole du groupe des députés socialistes :

 

Enfin, pour la bonne bouche, le résident de la république n’est pas inintéressant :

 

En contrepoint, je vous laisse écouter et regarder ce que disent certains de mes amis proches dans la petite vidéo tournée à l’occasion de la Fête de l’Huma.

 

Je veux bien prendre les paris pour savoir qui, à la fin, se « déjugera », selon les jolis mots du ministre des Affaires étrangères.

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Bonus vidéo : Patti Smith « People Have The Power »


Manic Monday : A Place To Bury Strangers « Leaving Tomorrow »

A Place To Bury Strangers est réputé pour être le groupe « le plus bruyant » de la Grosse Pomme, alias New York City. Leurs riffs ravageurs, dopés à la distorsion et à la réverb’, en ont électrisé plus d’un. A trois : basse, batterie et guitare, ils dépotent un sacré boucan, où la quête du bruit blanc et la construction d’un mur de son demeurent les maîtres mots.

Evidemment, les plus anciens d’entre-nous, à l’écoute de ces morceaux bruts mais bâtis sur une ligne mélodique affirmée, invoquent The Jesus And Mary Chain comme précurseurs. La comparaison, qui n’est pas raison, s’impose. Mais A Place To Bury Strangers parvient à créer son propre univers sonore, à base de nappes d’accords (dé)structurés par un rythmique en plomb.

Leur troisième album, Worship, ne sonne pas du tout assagi rapport aux deux précédents efforts. Et, pour faire bonne figure, ils sont en tournée française. En octobre, vous les trouverez là :

09/10 Feyzin – Epicerie Moderne
11/10 Strasbourg – La Laiterie
12/10 Metz – Les Trinitaires
13/10 Amiens – Festival Nuit Blanche
14/10 Lille – La Péniche

Le clip de Leaving tomorrow a été capturé au moyen d’un téléphone portable d’une marque qui, pour californienne qu’elle soit, renvoie à NYC. C’est d’ailleurs à Central Park qu’il a été saisi.

 


Un livre que je vais bien vite m’offrir

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Bon anniversaire la République !

« La République nous appelle ! » J’espère que ce morceau de phrase sonne familier à l’oreille de certains d’entre-vous. Il est d’actualité puisque nous célébrons, en ce 21 septembre, le 220e anniversair de la Ière République française. C’est en effet au lendemain de la victoire de Valmy sur les Prussiens que les députés de la Convention nationale décident sur proposition de Collot d’Herbois – et à l’unanimité – d’abolir la monarchie et de proclamer la République. La Ière République sera votée et proclamée le lendemain, 22 septembre 1792. Mais l’abolition de la royauté est une date clé dans ce processus.

Ce n’est pas un micro-événement que nous allons commémorer

Vendredi 21 septembre 2012
à 17 heures
Devant le Panthéon à Paris

Si le processus révolutionnaire a été entamé en 1789, avec cette date de la prise de la Bastille, suivie du 4 août – nuit au cours de laquelle sont abolis les privilèges (mais avec possibilité de rachat), la proclamation de la République ouvre un nouveau champ du possible. La monarchie constitutionnelle et la prise de pouvoir par la bourgeoisie sont remises en cause par l’irruption, dans le champ politique, du peuple, notamment parisien. Ce que l’on appelle communément les sans culottes.

Ce peuple aspire à une autre répartition des richesses, une autre organisation du pouvoir. Il va prendre en main ses destinées, à partir du travail de conscientisation et d’éducation populaire politique mené par les clubs, dont le célèbre club des Jacobins. A Paris, les sans culottes et leurs représentants élus, devant la « Patrie en danger », vont s’organiser au sein de la toute première Commune de Paris, ancêtre de celle que j’étudie. Cette Commune va peser sur les débats de la Convention nationale et infléchir les décisions politiques qu’elle sera amenée à prendre.

Par bien des aspects, la Commune de Paris de 1792 à 1794, lorsque la réaction thermidorienne l’abat en même temps que Robespierre et ses amis, est plus radicale que la représentation nationale. C’est qu’à Paris, la confrontation de classes est bien plus violente qu’en Province. Dans les provinces de la jeune République, la guerre civile efface, dans la perception collective, le combat de classe. Il nous est facile, avec deux siècles et plus de recul, d’analyser la guerre civile qui se déchaîne en Vendée, Bretagne ; à Lyon, Marseille, Toulon, comme autant de traductions meurtrières de cette lutte des classes. Dans l’instant politique 1792-1794, il n’en est rien. A leur décharge, Marx n’est pas encore passé par là.

Il n’empêche que le peuple parisien et les provinciaux qui partagent sa vision des choses (il en est) n’entend pas se laisser déposséder d’un processus qui prend enfin en compte ses aspirations et ses besoins. Un certain nombre d’élus de la Commune de Paris, comme Robespierre, sont aussi députés à la Convention nationale et, forts du mandat qu’ils tiennent du peuple, agissent pour faire entendre sa voix.

C’est ainsi que va naître la République une et indivisible puis la déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen dans sa version démocratique, celle dite « montagnarde », qui proclame le droit à l’insurrection.

Comme le disent mes amis du Parti de Gauche Midi-Pyrénées, il s’agit là d’un « document d’importance universelle ». Si la déclaration de 1789 assoit la liberté comme principal droit de l’homme, celle de 1793 met sur le même plan la liberté et l’égalité. Dès l’article 2, c’est même l’égalité qui est placée en tête des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. « Ces droits sont l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété ». Plus importants qu’une simple déclaration abstraite, les droits de l’homme de 1793 font apparaître les droits positifs qui concrétisent les droits naturels : droits sociaux avec des prestations assurées par l’Etat notamment droit à l’éducation, aux subsistances, manger à sa faim, droit au travail, à la santé… Elle reconnaît ainsi pour la première fois dans l’histoire de l’humanité une série de droits économiques et sociaux comme le droit au travail, à l’instruction, aux secours publics (il n’y a ni retraite, ni sécurité sociale à l’époque).

Autre innovation historiquement fondamentale : l’idée de « souveraineté nationale » est précisée sous la forme concrète de la souveraineté populaire (en 1792/1793 les étrangers ont le droit de vote). Le peuple est souverain, il doit prendre lui même son destin en main. Il s’agit d’un système de démocratie semi directe : en partie directe par les Assemblées de base et le référendum, en partie indirecte par l’assemblée élue.

Voilà en quoi cette Ière République mérite qu’on la célèbre aujourd’hui. Quoi qu’imparfait, son contenu est très largement progressiste. Et ouvre des perspectives encore neuves à l’ensemble du mouvement ouvrier. Alors, oui ! Bon anniversaire la République.

Bonus flash back : Le discours prononcé par Jean-Luc Mélenchon à cette occasion est visible ici.

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Bonus vidéo : The Adicts « Viva La Revolution »


Ouais, finalement… Robespierre reviens !

Quand Laurent Mafféis m’a dédicacé l’ouvrage qu’il a co-écrit avec Alexis Corbière de cette manière : « Pour Nathanaël, à toi qui dit déjà depuis longtemps « Robespierre reviens ! » », je me suis dit que mon ami me connaissait bien mal, alors que nous nous côtoyons depuis 2006. Je ne me suis jamais considéré comme robespierriste. Lorgnant plutôt du côté d’Hébert, du communiste primitif Gracchus Babeuf, bref de ceux que Jean-François Vilar nomment Les Exagérés, dans son beau roman éponyme, j’ai toujours tenu Robespierre en défiance. Son austérité me glace, son « culte de l’être suprême » me le rendait suspect.

Et c’est bien là la qualité première de ce Robespierre reviens ! Il rétablit quelques vérités historiques dans ce temps de grande confusion qu’est le nôtre. Ainsi, au fil de la première partie, la plus historique, j’ai appris pas mal de choses. Ainsi, le culte de l’être suprême tel que défendu par Robespierre n’était pas une sorte de théisme abâtardi version philosophie des Lumières mais une mesure d’apaisement dans un pays en proie à la guerre civile. L’Etre suprême c’est une forme de civisme, voire de laïcité avant la lettre dans une période où le concept est loin d’être répandu. Voici ce qu’écrivent les auteurs :

« La reconnaissance de l’être suprême (personnification de la nature – Robespierre revendique l’influence de Rousseau) et de l’immortalité de l’âme vise simplement à affirmer à l’époque un plus petit dénominateur commun entre les pro et les anti déchristianisation. »

(Photo : Stéphane Burlot)

Voici donc un premier « malentendu » historique levé. Il y en a d’autres, dans ces pages ramassées qui fixent le cadre historique. Alexis et Laurent reviennent longuement sur la Terreur et le rôle de Robespierre tentera, avec son (faible) pouvoir institutionnel (il n’est qu’un membre – intermittent – parmi tant d’autres du Comité de salut public) et son (grand) pouvoir politique (il est membre de la Convention, animateur du club des Jacobins où se retrouve la plupart des sans-culottes et élu à la Commune de Paris), de jouer le rôle de modérateur vis à vis de certains de ces camarades. J’apprends, incidemment, que, dès 1790, le fils du Nord Maximilien s’oppose à la peine de mort. Certes, cela ne l’empêchera pas de tolérer, voire de justifier, des exécutions.

Mais, la France est en guerre et civile et extérieure. En Vendée, les royalistes combattent pied à pied ; en Bretagne, la chouanerie populaire menace la patrie ; de partout, les armées étrangères convergent pour écraser et la France et la République. « La Patrie est en danger ! » A situation exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Et, pourtant, contrairement à ce qui se produira pendant la première guerre mondiale, grâce à l’influence de Robespierre, non seulement il n’y aura aucune censure dans la période où il participe à l’exercice du pouvoir mais il n’y aura pas non plus de justice militaire d’exception. Bien sûr, on peut à loisir discuter du fameux principe « la fin justifie les moyens ». Je serais curieux de savoir si, outre Manche, pour les mêmes raisons, la controverse serait aussi violente sur les méthodes employées par Oliver Cromwell.

Parce que, et c’est l’objet de la deuxième partie de cet ouvrage, aujourd’hui il est de bon ton de vouer Robespierre aux gémonies. Mais dans quel but ? L’homme, certes, prête le flanc à la critique, la mienne par exemple. A bien y regarder, Maximilien « l’Incorruptible » incarne au premier chef la Révolution populaire, celle du pouvoir au peuple incarné par les sans-culottes, dans une période historique allant de 1789 à 1799 que, nous autres marxistes, considérons bien souvent comme une révolution bourgeoise. De l’aveu même de ses détracteurs, Robespierre est « le plus connu des révolutionnaires ». Citations à l’appui, Corbière et Mafféis démontent le processus. Dans la lignée du « travail » idéologique entrepris par François Furet, les attaques contre Robespierre sont autant d’attaques contre la Révolution française en elle même et tout ce qu’elle a apporté à notre socle républicain.

En effet, la période qui voit Robespierre associé à l’exercice du pouvoir constitue la période la plus lumineuse, dans le sens où elle est marquée par les Lumières (oui, je parle bien des philosophes des Lumières), de la Révolution française. La Convention dirigée, suite à un vote démocratique, par les députés montagnards, a permis l’irruption du peuple dans la direction des affaires publiques. C’est bien cela que ne pardonneront jamais à Robespierre les tenants de la réaction thermidorienne. S’ils ont guillotiné Robespierre et ses amis sans procès, cela ne les a pas empêchés d’instruire son procès politique post mortem. C’est un procès politique de classe, lancé par les possédants, par la bourgeoisie revancharde autant qu’apeurée qui voyait bien que, au bout de la pensée robespierriste, c’était leur pouvoir qui allait être potentiellement remis en cause. L’UMP ne s’y trompe pas, qui poursuit pour les mêmes raisons, le procès de Robespierre. Il est navrant qu’une frange importante du parti dit « sérieux » s’acoquine avec ce faquin.

Du coup, et puisque les choses en sont là, Laurent me connaît finalement bien. Avec Alexis et lui, je le dis haut et fort : Robespierre reviens ! Je garderai à l’avenir mes critiques pour le cercle de mes amis.

Robespierre reviens ! Par Laurent Mafféis et Alexis Corbière, éditions Bruno Leprince (2012)

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Bonus vidéo : Chorale populaire de Paris « La Carmagnole » (enregistrée en 1936)